Après trois années d’expérimentation, le projet 5G Open Road arrive à son terme fin 2024. L’occasion pour ses 17 partenaires de dresser un premier bilan. Avec un un motif de satisfaction partagée : l’apport de la 5G s’avère déterminant pour développer des cas d’usage autour de la mobilité automatisée et connectée.
3 ans d’expérimentation autour de la mobilité autonome
Quel est l’apport de la 5G pour la mobilité connectée et automatisée ? C’est autour de cette question, centrale pour définir de futurs services aux particuliers comme aux professionnels, qu’un projet d’ampleur est né en France en 2022 : 5G Open Road. Un projet inédit par son envergure : 17 acteurs majeurs de la mobilité, des services, des télécoms et du numérique – parmi lesquels Bouygues Telecom – se sont retrouvés pour multiplier les expérimentations sur route ouverte en Ile-de-France (dans le secteur Paris-Saclay – Vélizy – Massy-Palaiseau). Cette initiative, arrivée à son terme en décembre 2024, était dotée d’un budget de 90 millions d’euros.
Des cas d’usage sur route ouverte
Le projet portait en lui plusieurs ambitions : trouver des leviers d’action pour fluidifier le trafic, pour renforcer la sécurité des personnes vulnérables, mais aussi favoriser la réduction de l’empreinte carbone du secteur des transports.
Pour ce faire, différents cas d’usage ont été expérimentés, afin d’évaluer leur faisabilité technique et opérationnelle :
- Développer la recherche de place de parking collaborative : repérer, grâce à des capteurs de véhicules en circulation, les places disponibles et en informer les automobilistes
- Proposer un service de navette autonome à la demande, sans chauffeur, s’adaptant en permanence à la vitesse du trafic
- Mettre sur pied un service de navette autonome livrant des courses d’un magasin vers un point de collecte
- Déployer un service de droïdes autonomes assurant des tâches de logistique (amener par exemple des objets d’un bâtiment à un autre au sein de l’Université Paris-Saclay).
- Mettre en service un carrefour intelligent en renforçant la sécurité (protection des personnes vulnérables, fluidification du trafic…) grâce à des flux d’information vers les véhicules
La 5G et le slicing pour répondre aux enjeux de connectivité
Les parties prenantes du projet 5G Open Road se sont retrouvées fin novembre 2024 à l’Institut Mines Telecom, au cœur du campus Paris-Saclay. L’occasion pour elles de dresser un premier bilan des différentes expérimentations menées avec, au cœur des échanges, la question des apports de la 5G pour déployer des services de mobilité.
De fait, les réseaux de télécommunication jouent un rôle stratégique pour l’émergence des véhicules autonomes.
« La réglementation impose en France que ces navettes ou ces droïdes soient connectés en permanence, afin qu’un opérateur puisse reprendre la main à distance en cas de problème sur le terrain », explique Christophe Fouillé, responsable de la 5G industrielle chez Bouygues Telecom Entreprises.
Le réseau 5G se montre alors indispensable pour la bonne marche des services de mobilité testés lors des expérimentations. La 5G apporte « un très haut débit et une faible latence », poursuit Christophe Fouillé. En outre, elle s’appuie sur une fonctionnalité slicing (découpage du réseau physique en plusieurs réseaux logiques pouvant être utilisés à des fins différentes). Celle-ci va permettre de « réserver de la bande passante pour un usage privé » indique-t-il.
Si un véhicule autonome fait face à un imprévu, « le téléopérateur pourra donc, même en cas de saturation du réseau, bénéficier d’une connexion avec lui, avec une liaison vidéo lui permettant de comprendre la situation et de reprendre la main si nécessaire ».
La 5G nous a permis de tester la mobilité de demain
La technologie 5G a-t-elle répondu aux attentes des partenaires du projet ?
Ces derniers ont répondu par l’affirmative lors du bilan organisé à l’Institut Mines Telecom. « La 5G nous a permis de tester la mobilité de demain à travers des cas d’usage innovants », confirme Sophie de Lambert, collaborative R&I Manager in Software and Systems chez Veolia « Ces expérimentations nous ont démontré que la 5G et le slicing étaient indispensables pour avoir une connexion continue avec notre navette autonome et téléopérer si la situation l’exige », abonde Frédéric Mathis, président de Milla Group.
Une satisfaction partagée par Bouygues Telecom : « L’expérimentation nous a permis de démontrer notre capacité à déployer du slicing, mais aussi à l’associer à la réservation de bande passante sur un réseau mobile pour des usagers », explique Emmanuel Micol, directeur du développement chez Bouygues Telecom Entreprises.
« Nous avons également pu mieux comprendre comment les acteurs présents souhaitaient se servir de ce service », ajoute Christophe Fouillé.
3 filières industrielles ont appris à travailler ensemble
Riche en enseignements sur le plan technique, l’expérimentation a également eu un autre atout majeur : « Des équipes issues de 17 entreprises et de 3 filières industrielles ont appris à travailler ensemble », relève Tony Jaux, l’un des coordinateurs du projet.
Un travail collectif de plusieurs années qui constitue un « pas très important pour envisager un passage à l’échelle industrielle, ce qui est précisément le but de notre projet », note-t-il. Si les prochaines étapes pour atteindre cet objectif n’ont pas encore été définies, nombre d’acteurs du 5G Open Road ont dit leur souhait de poursuivre la dynamique engagée et de dépasser le stade expérimental pour proposer, demain, des services de mobilité inscrits dans la durée. Le projet leur aura offert, pour cela, un terrain d’apprentissage précieux, leur permettant d’identifier des enjeux majeurs sur lesquels elles devront axer leurs efforts (sécurité, qualité des datas, association étroite avec les collectivités locales concernées…).
Au-delà, 5G Open Road aura également permis au consortium de prendre toute sa place dans la course à l’innovation observée à l’international autour du véhicule autonome. Un enjeu stratégique, tout particulièrement face aux ambitions chinoises et américaines.
« Il est important que la France, et plus largement l’Europe, soit présente dans cette compétition et le projet 5G Open Road nous en a donné la possibilité », conclut Christophe Fouillé.