Il n'y a pas que les grandes villes qui sont smart

La transformation digitale ne concerne pas que les mégalopoles et les capitales. Les petites communes aussi s’emparent de l’innovation pour la mettre au service de leurs administrés. La crise de la COVID n’a fait qu’accompagner ce mouvement.

La smart city, autrement dit la « ville intelligente », n’est plus une utopie. Les grandes villes déploient des milliers de capteurs pour mesurer en temps réel la consommation d’énergie, piloter l’espace public à distance, rationaliser la circulation. Mais elles ne sont pas les seules à proposer cet éventail de nouveautés qui doit aider à rendre les villes plus agréables. A une échelle moindre, les petites agglomérations entrent aussi de plain pied dans le numérique.

Collectivité et connectivité

Suite au départ à la retraite en 2017 de l’unique médecin de la ville, le maire d’Oberbruck, petite ville du Haut Rhin, décide il y a quelques années d’installer un cabinet de télémédecine. Un infirmier ausculte les patients, alors qu’un médecin réalise en direct le diagnostic… à distance. 

Ce phénomène anecdotique en 2017 est devenu chose courante. La téléconsultation a explosé avec 1 million de téléconsultations en avril pendant le premier confinement et 500 000 en novembre 2020. Les communes s’équipent peu à peu, la région Occitanie en tête car elle a été région test par un fabricant (Tessan)

Dans un tout autre domaine, la commune de Villedoux, en Charente Maritime, utilise l’application mobile Citybay, qui donne tous les renseignements pratiques de la ville, et permet à chacun de proposer du contenu. Avec un point clé qui est de créer son propre flux d’information.

« L’administré choisit les informations qu’il veut voir apparaître sur son interface : la météo, une fiche associative, les menus de l’école pour la semaine » explique Marie Cueff, gérante de Citybay.

En apportant des services aux habitants, les villes se démarquent, et mettent en avant leur attractivité. Dijon, avec le lancement de nombreux chantiers connectés, est typiquement dans cette démarche.

Un investissement modéré…

Sur le plan de la gestion des services publics, les smart cities n’ont pas forcément besoin d’investissements lourds pour être efficaces, notamment grâce au développement des objets connectés. Inutile de creuser des tranchées dans la voirie ou d’effectuer un câblage des appareils, puisque ces dispositifs sont sans fil. D’un coût unitaire de quelques dizaines d’euros en moyenne, ils ont simplement besoin d’être installés sur un mur ou une façade. 

Par exemple, il existe des  détecteurs de crue Oxoge, déployés dans plusieurs villes des Pyrénées, qui peuvent envoyer un message d’alerte directement à la mairie quand l’eau atteint un niveau prédéfini. Dans le même état d’esprit, la législation prévoit l’obligation de suivre la qualité de l’air dans les écoles. Une problématique qui pourra être résolue avec un simple capteur sans fil à disposer dans les salles des établissements scolaires, et qui préviendra la mairie depuis une console de contrôle unique. 

… pour une rentabilité quasi immédiate

Parmi les usages les plus efficaces des smart cities, la gestion des fluides est plébiscitée. La ville d’Apt (Vaucluse) a ainsi équipé ses compteurs d’eau de capteurs qui indiquent la consommation d’eau, ce qui permet de repérer d’éventuelles fuites. Ces dispositifs existent pour le gaz ou l’électricité, avec des capteurs posés à même les tuyaux. L’intérêt financier est évident pour les villes : mesure de la consommation en temps réel, gestion des temps de chauffe plus précise. Une étude comparative sur différents dispositifs a montré que l’éclairage intelligent était la technologie la plus rentable, citant l’exemple de Rillieux la Pape, commune de la métropole de Lyon. Les lampadaires à LED, équipés de détecteurs de présence, font varier l’intensité lumineuse en fonction du passage. Et au-delà des économies financières, les bénéfices induits sont nombreux : grâce à des rues mieux éclairées, le nombre d’accidents diminue, tout comme les actes de malveillance !